À la fin de la deuxième guerre mondiale, le procès de Nuremberg a ouvert une nouvelle ère : celle de la poursuite des « crimes contre l’humanité », mais aussi celle du recours à l’image comme « preuve ».
La projection, pendant les audiences de Nuremberg, de films de la libération des camps nazis constitue un moment révolutionnaire et fondamental. Ces films tournés et montés par les Soviétiques, les Anglais et surtout les Américains – où travaille alors la fleur d’Hollywood – semblent être aujourd’hui des documentaires incontournables. En réalité, ils sont souvent plus connus que réellement vus ; la plupart d’entre eux avait même littéralement disparu pendant des décennies. Quels problèmes soulèvent-ils alors pour nous qui les exhumons et regardons aujourd’hui ? Quels regards, quels gestes – cinématographiques comme politiques – sous-tendent les images « authentiques » de la découverte des horreurs des camps ? Comment ces films participent-ils, encore aujourd’hui, à la construction de la mémoire des génocides ?